Longtemps considéré comme un acteur secondaire sur la scène asiatique, le football vietnamien connaît depuis quelques années une progression fulgurante. Grâce à une structuration plus professionnelle, une génération dorée de joueurs talentueux, et une stratégie fédérale ingénieuse, le Vietnam s’impose progressivement comme une nation qui compte parmi les meilleures d’Asie du Sud-Est. Ce renouveau ne doit rien au hasard : il s’appuie sur des investissements ciblés, une réforme en profondeur de son système de formation et une dynamique populaire retrouvée.
La Fédération vietnamienne de football (VFF) a joué un rôle central dans la transformation du football national. Face aux lacunes structurelles accusées dans les années 1990-2000, la VFF a opté pour un plan stratégique à long terme, misant sur plusieurs leviers clés :
Grâce à cette synergie, des jeunes issus de tout le pays intègrent une filière stable, du niveau amateur jusqu’aux sélections nationales. Cette structuration crée une chaîne de valeur cohérente et compétitive.
Un tournant décisif est marqué en 2017 avec l’arrivée de Park Hang-seo, sélectionneur sud-coréen à la tête de l’équipe nationale. Son approche à la fois tactique et humaine constitue un catalyseur pour les succès récents du Vietnam. Il instaure une rigueur sans faille, alliant discipline défensive et jeu de transition rapide, parfaitement adapté aux qualités physiques et mentales des joueurs vietnamiens.
Sous sa houlette, l’équipe se professionnalise en termes de préparation mentale, d’analyse vidéo et de gestion du groupe. Park Hang-seo a incarné une nouvelle façon de concevoir l’entraînement : plus analytique, plus méthodique, et orientée vers des résultats mesurables à court et moyen terme.
Le signe le plus manifeste de ce renouveau réside dans les performances sur le terrain. Le Vietnam a, ces dernières années, régulièrement effectué des parcours remarqués dans des compétitions continentales :
Ces résultats s’accompagnent d’une régularité désormais manifeste : le Vietnam figure parmi les rares équipes d’Asie du Sud-Est à se qualifier régulièrement pour les phases finales continentales, et ce sur diverses catégories (U19, U23, seniors).
Ce qui frappe, au-delà des résultats bruts, c’est l’identité tactique claire de l’équipe vietnamienne. Elle repose sur :
Cette tactique séduit non seulement les supporters locaux mais aussi les analystes internationaux, qui saluent la maturité croissante du football vietnamien.
Le renouveau de l’équipe nationale a contribué à une reconquête massive du public vietnamien. Les stades se remplissent, les audiences télé explosent, et les joueurs deviennent de véritables stars nationales.
Le football est désormais perçu comme un facteur de cohésion nationale, transcendant les générations et les régions. À travers le prisme du sport, la jeunesse vietnamienne retrouve des modèles positifs et une fierté de représentation longtemps absente sur la scène asiatique.
Sur les réseaux sociaux, l’impact est colossal. Le nombre de fans et d’abonnés des pages officielles de la VFF ou de joueurs comme Quang Hai rivalise avec celui des grandes nations asiatiques. Une preuve du rayonnement culturel retrouvé du football vietnamien.
Ce succès populaire s’accompagne de dynamiques économiques positives :
L’investissement dans le football est désormais vu comme un levier de croissance économique, au même titre que l’industrie ou la technologie. Le gouvernement lui-même soutient ce développement pour renforcer l’image du Vietnam à l’international.
Forte de son renouveau, la sélection vietnamienne affiche désormais des objectifs clairs pour la prochaine décennie : se qualifier pour une phase finale de Coupe du Monde. Le rapprochement du format mondial à 48 équipes à partir de 2026 ouvre de nouvelles perspectives pour les nations asiatiques.
Avec une jeune génération prometteuse, un encadrement technique de qualité, et le soutien croissant des instances, la qualification pour la Coupe du Monde n’est plus un rêve lointain mais une ambition crédible. Le Vietnam mise notamment sur l’expérience acquise dans les phases de qualification asiatiques, où il a récemment terminé devant des équipes plus réputées comme la Malaisie ou les Émirats arabes unis.
Le Vietnam commence aussi à intégrer les dernières avancées du football analytique et technologique :
À travers ces innovations, le Vietnam montre qu’il ne se contente pas de copier des modèles, mais cherche à créer une identité footballistique moderne et durable.
Le chemin est encore long, mais les fondations sont solides. Le Vietnam est en passe de réussir une transformation rare dans le monde du football : celle d’un outsider régional devenu prétendant légitime aux plus hautes sphères du football asiatique. En s’appuyant sur sa jeunesse, sa rigueur et sa passion, il pourrait devenir, dans les décennies à venir, l’une des références inattendues du football continental.