Le football féminin, longtemps relégué au second plan, connaît aujourd’hui une croissance fulgurante sur la scène internationale. Grâce à une meilleure médiatisation, à la professionnalisation croissante des ligues et au soutien actif des fédérations, les sélections féminines brillent dans les compétitions majeures. Le classement mondial du football féminin, mis à jour régulièrement par la FIFA, permet de suivre l’évolution de ces dynamiques et les dominances émergentes. Alors, où en est-on aujourd’hui ? Qui sont les leaders incontestés et quelles nations surprennent ?
Les nations phares du classement mondial actuel
La FIFA publie régulièrement un classement officiel des équipes nationales féminines qui reflète les résultats accumulés lors des compétitions internationales (Coupes du monde, Jeux Olympiques, éliminatoires) et des matchs amicaux. Analysons les équipes qui dominent actuellement ce classement.
Les géantes du football féminin
Au sommet de la hiérarchie mondiale, certaines nations ont su s’imposer de manière constante, combinant performance, expérience et structures solides.
- États-Unis : Malgré quelques revers récents, les Américaines restent une référence absolue. Quadruples championnes du monde (1991, 1999, 2015, 2019), elles bénéficient d’une ligue nationale (NWSL) compétitive et d’un parcours irréprochable en phases éliminatoires. Leur profondeur de banc est sans égale. Cependant, la transition générationnelle amorcée en 2022 les rend plus vulnérables.
- Allemagne : Solide et méthodique, la Mannschaft féminine ne cesse de progresser. Finalistes de l’Euro 2022, elles restent dans le haut du classement grâce à une stratégie de formation efficace et une culture de la rigueur tactique.
- Suède : Habituée du top 5, la Suède impressionne par sa régularité. Demi-finalistes à la Coupe du monde 2023 et médaillées d’argent aux JO de Tokyo (2021), les Scandinaves misent sur une défense rigoureuse et un collectif soudé.
- Angleterre : Vainqueurs de l’Euro 2022, les Lionesses sont devenues une des forces incontournables du football féminin. Avec une Premier League féminine en forte croissance et des investissements massifs de la FA, elles montent en puissance chaque année.
Des nations en pleine ascension
Certaines équipes, longtemps absentes du haut du classement, progressent grâce à des politiques fédérales ambitieuses et à une forte implication des clubs professionnels féminins.
- Espagne : Le titre mondial acquis en 2023 marque une révolution : la Roja féminine s’impose désormais comme une des meilleures équipes du monde. L’explosion des clubs comme le FC Barcelone féminin, porteur de talents extraordinaires, participe pleinement à cette montée.
- France : Malgré une instabilité au niveau du staff technique, la France reste une nation phare grâce à une large base de joueuses évoluant dans la D1 Arkema, l’une des ligues les plus compétitives d’Europe. Des individualités telles que Katoto ou Geyoro permettent aux Bleues de rester parmi les meilleures, même sans titre majeur.
- Australie : Propulsées par leur performance remarquable en Coupe du monde 2023 (demi-finalistes), les Matildas ont conquis les cœurs et gagné de précieuses places au classement mondial. Elles représentent aujourd’hui une puissance émergente dans l’hémisphère sud.
Critères de calcul du classement FIFA féminin
Le classement FIFA est loin d’être une simple photographie des derniers résultats. Il repose sur un système de calcul pondéré qui tient compte de plusieurs éléments stratégiques.
Un système de points complexe
Depuis 2018, la FIFA a adopté un modèle basé sur l’algorithme Elo pour le classement féminin, un modèle plus dynamique et réactif que l’ancien système basé sur la moyenne des points :
- Résultat du match : Une victoire rapporte plus qu’un nul ou une défaite, mais l’écart dépend aussi du niveau de l’adversaire.
- Importance du match : Les matchs de Coupe du monde ou d’éliminatoires de tournoi majeur pèsent plus lourd que les amicaux.
- Écart de score : Une victoire plus large contre une équipe plus forte entraîne une hausse de points plus conséquente.
- Valeur de l’adversaire : Battre une nation mieux classée rapporte plus de points qu’un succès face à une équipe faible.
Ce système encourage donc les rencontres contre des adversaires valeureux et pénalise l’oisiveté au profit de la performance régulière.
Dynamiques géographiques et répartition continentale
Le classement féminin met aussi en lumière les grandes lignes de forces par continent. Contrairement au football masculin, certaines régions non traditionnelles deviennent de véritables bastions.
L’Europe, continent dominateur
Avec plus de la moitié des équipes du top 20 venant du Vieux Continent, l’Europe est la locomotive du football féminin mondial. Cela s’explique par :
- Des ligues professionnelles comme la FA Women’s Super League (Angleterre), la Frauen-Bundesliga (Allemagne) et la D1 Arkema (France) offrant des niveaux de compétitivité élevés.
- Des politiques de développement ambitieuses de l’UEFA, telles que le programme Time For Action, qui visent l’égalité d’accès et la professionnalisation du football féminin.
L’Amérique du Nord maintient le cap
Si les États-Unis dominent historiquement le football féminin, le Canada reste aussi une valeur sûre avec son titre olympique de 2021. La CONCACAF continue d’investir dans la professionnalisation du secteur féminin, bien que de nombreuses nations comme le Mexique ou la Jamaïque accusent encore un retard au niveau des infrastructures.
L’Asie et l’Afrique, entre potentiel et défis
Sur ces deux continents, le football féminin progresse rapidement, mais reste freiné par un manque de structures solides et de soutien économique :
- Le Japon et la Chine restent les principales puissances d’Asie, grâce à des centres de formation établis et une culture du jeu technique. Le Japon, champion du monde en 2011, reste redoutable.
- En Afrique, le Nigeria, l’Afrique du Sud et plus récemment le Maroc font figure de pionniers. Cependant, le manque de compétitions régulières et de soutien fédéral freine une progression plus marquée dans le classement FIFA.
L’impact des compétitions internationales sur le classement
Les grandes compétitions mondiales restent les inflexions majeures du classement, tant sur le plan de la progression que des bouleversements inattendus.
Coupe du monde féminine
Comme pour les hommes, la Coupe du monde influence de manière décisive le classement. L’édition 2023 en Australie et en Nouvelle-Zélande a montré un élargissement du niveau mondial, avec des surprises telles que la Jamaïque ou le Maroc. Ce tournoi a modifié la hiérarchie en propulsant des nations comme l’Espagne et en faisant reculer des géants historiques comme le Brésil.
Autres tournois significatifs
Le classement tient aussi compte de tournois intercontinentaux :
- La Copa América Féminine, en Amérique du Sud
- L’Euro féminin, référence absolue en Europe
- La CAN féminine, en Afrique, révélatrice de talents émergents
La Ligue des nations féminine de l’UEFA
Lancée récemment par l’UEFA, la Ligue des Nations Féminine devrait avoir un impact structurant à moyen terme. En proposant des matchs plus fréquents et compétitifs, elle aidera au développement du football de sélection et pèsera sur les futurs classements mondiaux.
Le classement mondial du football féminin est un reflet fidèle mais aussi évolutif du dynamisme sportif international. Là où la stabilité régnait il y a dix ans, l’ère actuelle se caractérise par une compétition resserrée, des nations ambitieuses et un regain d’intérêt médiatique. Un défi passionnant pour les prochaines années, alors que le football féminin continue d’écrire sa propre légende.